Cécile Descamps

Je m’appelle Cécile et fin 2019, j’ai décidé une sortie de route. Après dix ans à travailler dans le digital et la communication, j’emprunte un nouveau chemin, direction la cuisine.

Au risque d’enfoncer une porte ouverte, je cuisine avant tout car j’aime manger. Ce besoin vital pour tous est aussi pour moi une source de plaisirs accessibles, renouvelables, surprenants ou réconfortants, solitaires ou partagés, et un territoire en transition à explorer.

En cuisine, donc !

J’ai appris à cuisiner, comme beaucoup, en famille. Nombreuse et à la campagne, en ce qui me concerne. De quoi acquérir les bases, les bons réflexes et l’instinct sur lesquels je m’appuie encore aujourd’hui. Savoir faire vite et bien, avec ce qu’on a sous la main, pour un ou pour dix, pourvu qu’on se régale ! Dans la cuisine familiale, on mange des fruits et légumes de saison, de la ferme, du jardin, on en fait des confitures, des soupes et des bocaux. On peut aussi passer des journées entières à faire des tartes, des brioches et des gaufres. On reçoit avec des frites et des plats typiques du Nord.

Un lavabo et un micro-ondes dans un 11 m², contrainte est mère d’ingéniosité !

Étudiante puis jeune adulte, il a bien fallu s’adapter à des espaces exigus et à un budget serré. C’est à cette époque et d’abord pour épargner mon porte-monnaie que j’ai acté les premières étapes de ma « transition alimentaire », notamment en revoyant ma consommation de viande à la baisse, en privilégiant les produits de saison et en oubliant nombre de produits transformés.

De rencontres en colocs, de voyages en sorties, au restau ou au marché, je découvre aussi des saveurs et des techniques, donne même une deuxième chance à des ingrédients que j’étais persuadée ne pas aimer (90 % d’entre eux ont fini par intégrer mon répertoire !). Aux fondamentaux acquis en famille s’ajoutent des inspirations méditerranéennes, orientales, asiatiques, des épices, des herbes, des condiments et des graines, un zest de citron par ci, une gousse d’ail écrasée par là. Je me laisse guider par mon inspiration pour associer saveurs, textures, couleurs, pour des assiettes « à sensations ».

Cohérence et pragmatisme

Ma passion pour la cuisine est doublée d’une intuition que confirme chaque jour mon parcours personnel : l’alimentation est au cœur d’enjeux environnementaux, sanitaires, sociaux, et un levier formidable de transition. J’ai donc pris la décision de me consacrer pleinement à ce qui m’anime : « faire à manger », avec amour et bon sens.

À l’automne 2019, après avoir mené à bien mes dernières missions, j’entame un parcours d’accompagnement avec la BGE avec à l’esprit un projet de création d’entreprise dans le domaine de la transformation alimentaire. Dans le même temps, j’intègre une formation professionnelle pour obtenir un diplôme de cuisinière et effectue quelques stages en restauration traditionnelle, notamment à La Fleur de Lille et au Britney, à Lille.

Ce virage, je l’ai amorcé dans un seul but : contribuer, d’une façon ou d’une autre, à un écosystème vertueux qui considère le territoire, l’emploi, les revenus et conditions de travail des producteurs, agriculteurs, éleveurs, l’environnement, le lien social, la solidarité, dans l’optique d’une transition vitale pour l’humanité.

Je souhaite donner aux individus et / ou aux organisations les moyens pragmatiques de cet indispensable changement sur le terrain de l’alimentation, notamment en les aidant à gagner en autonomie.

C’est l’objectif de Système C : transmettre les connaissances que j’ai moi-même acquises en tâchant au mieux de m’aligner sur mon aspiration (manger bon, pour soi et pour les autres) et en tirant parti des contraintes rencontrées par une majorité au quotidien (budget, temps, matériel).

Conviction

Il faut se rendre à l’évidence : nous ne devrions pas manger comme nous le faisons depuis les Trente glorieuses, et ne pourrons, de toutes façons, bientôt plus le faire en raison du changement climatique, des déséquilibres économiques et risques sanitaires qui en découlent déjà.

Il ne s’agit pas pour autant de revenir à une alimentation d’avant-guerre. Le brassage culturel a introduit de nouvelles saveurs, méthodes, connaissances, de nouveaux outils sont à notre disposition, et c’est un progrès… dans une certaine mesure ! En revanche, on peut / doit / va devoir s’émanciper d’une certaine conception de la cuisine (encore trop centrée sur la viande, par exemple), s’affranchir des produits sur-transformés et des matières premières trop gourmandes en ressources énergétiques de par leurs méthodes de production et leur transport.

Pour cela, il est indispensable de mesurer les impacts de ses choix pour, en cohérence avec les enjeux actuels et avec bon sens, continuer à manger de l’avocat ou de la viande rouge. Probablement moins souvent, probablement plus cher, mais certainement mieux.

Les produits de saison, locaux, les circuits courts, l’agriculture biologique, raisonnée, la lutte contre le gaspillage, le recours raisonné à la viande, au poisson, aux produits exotiques sont autant d’éléments sur lesquels les consommateurs et les organisations peuvent agir pour opérer leur transition alimentaire. L’information, l’instinct, l’inspiration, la créativité, le partage sont autant de guides sur ce chemin.